Blanche Gamond est née en 1664 à Saint Paul Trois Châteaux, dans la Drôme actuelle, au sein d’une famille protestante. Elle possédait toutes les qualités : belle, intelligente, douée d’une mémoire exceptionnelle, connaissant par cœur les Écritures, ce qui faisait l’admiration de son pasteur, Alexandre Piffard. S’il fallait lui trouver un défaut, elle possédait une très (trop ?) grande assurance d’elle-même et peut-être une exaltation religieuse qui la poussaient au plaisir d’avoir le dernier mot dans les joutes verbales qu’elle menait avec fougue, même avec son pasteur.
Or dès son arrivée effective au pouvoir en 1661, Louis XIV, prenant le contre-pied de la politique suivie par Mazarin, commença à réduire la liberté relative acquise par les protestants. Les dragonnades débutèrent en 1681 dans le Poitou et atteignirent le Dauphiné en 1683. Le temple de Saint Paul fut fermé et le supplice d’un jeune homme de 28 ans, Antoine Chamier, roué à mort devant le domicile de ses parents, développa chez Blanche une sorte de dilection à l’endroit de la souffrance.
Deux ans plus tard, après la Révocation de l’Édit de Nantes et la destruction de tous les temples, Blanche, âgée de 21 ans, convainquit ses parents de fuir ensemble à Orange, encore sous contrôle du stathouder Guillaume III. Mais très rapidement, Louis XIV donna l’ordre aux troupes d’entrer dans la principauté et d’y arrêter les réfugiés protestants. Blanche et ses parents fuirent à nouveau et après diverses péripéties retournèrent à Saint Paul chez des amis, leur maison ayant été saccagée par les dragons du roi. Ils décidèrent alors de se réfugier en Suisse mais furent arrêtés. Ses parents abjurèrent et Blanche fut emmenée à la prison de Grenoble, en avril 1686.
-Livre d'occasion 132 pages