Mangweloune, la danseuse du roi Njoya
«Chacun s'étonnait pourtant de voir s'ouvrir les danses sans le roi, dont la place restait vide à côté de sa mère. Des cris d'admiration coururent soudain à travers la foule.
- Oh ! regardez ! entendait-on de tous côtés, tandis que les yeux se dirigeaient vers la porte du palais. Une danseuse avançait sur la place en balançant son corps. Au-dessus de sa tête se dressait une plume d'autruche blanche, tandis qu'un luxueux pagne, blanc aussi, retenu à la taille par une ceinture en peau de panthère, l'enveloppait tout entière. Ses bras étaient chargés d'anneaux de cuivre ; sur sa poitrine brillait un collier orné de dents de lion. Elle traversa la place, la tête levée vers le ciel, agitant les hanches d'un mouvement fébrile, puis fit volte-face pour revenir vers la porte. Sortant à son tour du palais, un énorme masque, jaune comme de l'or, vint à sa rencontre. Le bruit courut dans la foule que le roi lui-même était caché dessous. La place restée vide à côté de sa mère le confirmait.
La blanche danseuse et le masque d'or se rejoignirent, tandis que les premiers figurants reprenaient leurs courses fantasques autour d'eux. Mangweloune chantait les mélodies inventées par le roi en les accompagnant de gestes lascifs auxquels répondaient les danseurs. Un malaise parcourut la foule. Elle ne savait que penser du spectacle.
Jamais encore un Mfon ne s'était permis de danser avec une servante.»
-Livre d'occasion 160 pages